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Pierrot Lunaire

Pierrot Lunaire est un projet de théâtre musicale de l’Ensemble Cristofori, avec deux artistes mime et 6 musiciens, décors et costumes. La musique d’Arnold Schönberg et les 21 poèmes d’Albert Giraud, en trois parties, traduits par Otto Erich Hartleben, sont accompagnés par trois scènes mimées écrites en français faisant le contrepoint contemporain avec ce chef-d’oeuvre.

Pierrot Lunaire, un projet musical, scénique et pictural

Pierrot Lunaire, un bref résumé

Pierrot Lunaire, un mélodrame de trois fois sept poèmes sur des textes de Otto Erich Hartleben mis en musique par Arnold Schönberg à Berlin en 1912, raconte l’histoire d’un poète en désarrois. Le doute, le manque de reconnaissance artistique et le sentiment de sacrifice, font que l’inspiration du poète se dissipe. Il voit son monde intérieur de peu à peu s’effondrer et pense un moment même à mettre fin à ses jours.

Une dépression profonde se dessine.

C’est enfin le lien avec le passé, avec la tradition qui redonnera envie de créer, de vivre et qui guérira notre artiste tourmenté. Lui et Pierrot retournent dans le 21ième poème définitivement à Bergame, la ville où la commedia dell’arte est née.  

Pierrot, figure emblématique de la Commedia dell’ Arte, représentant les temps anciens, l’inconscient et l’alter ego du poète, est illuminé par la lune. Elle éclaire l’irraison du poète et d’autres figures de la commedia comme Colombine et Cassandre en va-et-vient. Elle est cruelle et montre les profondeurs et les côtés insoupçonnés de l’humain.

expressionniste de Schönberg et Hartleben,  Arthur Schoonderwoerd a écrit 3 textes en français que les comédiens jouent avant, entre et après les 3 sections de Pierrot Lunaire.

Chansons qui résistent

Chansons qui résistent
Pourquoi créer en temps de détresse ?
une production de l’Ensemble Cristofori

Contact
Gilles de Talhouët gilles.de.talhouet@wanadoo.fr 06 30 86 94 68

Chansons qui résistent
Pourquoi créer en temps de détresse ?

Présentation
« Chansons qui résistent » est un spectacle conçu par Arthur Schoonderwoerd et Gilles de Talhouët. Une douzaine d’œuvres musicales choisies avec soin, composées peu avant ou pendant la Seconde Guerre mondiale, certaines dans des camps de concentration, nous révèlent que l’art peut nous aider à combattre la détresse, à résister.
Une jeune chanteuse, Adèle Lorenzi, et quatre musiciens (piano, flûte, violon, violoncelle) les interprètent et racontent en parallèle les circonstances extraordinaires, parfois tragiques, de leur création.
Nous avons volontairement choisi des œuvres de compositeurs de plusieurs nationalités engagées dans le conflit : Allemagne, France, Russie, Amérique. Nous ferons entendre des œuvres de musiciens juifs persécutés par l’Allemagne nazie (qu’ils soient contraints à l’exil, poursuivis, emprisonnés, etc.), mais aussi de musiciens non-juifs qui se sont élevés par leur art contre la barbarie. Enfin, dans le but que la musique résonne le plus étroitement possible avec les destinées humaines et le cours de l’Histoire, nous jouerons des œuvres de différents styles : chansons, cabaret, jazz, folklore, musique classique, etc.
Le public découvrira par ailleurs au fil du spectacle, comme en contrepoint, l’histoire d’un lieu encore méconnu : le camp de concentration de Theresienstadt, établi par les nazis au cœur de l’ancienne citadelle de Terezin, au nord de Prague. Des milliers d’artistes, hommes et femmes, juifs et non-juifs, y furent internés entre 1942 et 1945 : musiciens, chanteurs, dessinateurs, peintres, poètes, auteurs, comédiens, metteurs en scène, etc. D’innombrables spectacles – concerts, revues de cabaret, pièces de théâtre, opéras, etc. – y furent donnés dans des caves, greniers, etc. par des internés pour leur camarades. Au long des heures sombres du IIIème Reich, la citadelle de Terezin n’a cessé de chanter.

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Format
Public : collégiens (classes de 3ème) et lycéens
Environ 130 personnes par spectacle (120 élèves + 10 enseignants) Chaque séance dure 2 heures :

  • brève présentation (15’)
  • spectacle « Chansons qui résistent » (55’)
  • en option : présentation d’une petite forme préparée par des collégiens ou lycéens (15’)
  • échanges élèves / professeurs / musiciens (30’)

Préparation
Le spectacle est autonome et peut être vu sans préparation.
Gilles de Talhouët pourra toutefois rencontrer les enseignants qui le souhaitent en octobre ou novembre, afin de les aider à préparer leurs élèves. Il proposera plusieurs actions possibles et partagera avec eux des dessins, photos, enregistrements, etc.
Si les élèves sont sensibilisés en amont, ce sera plus intéressant et émouvant pour eux. Ils en garderont un fort souvenir.

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Chansons qui résistent
Livret pédagogique

Le spectacle scolaire « Chansons qui résistent » offre de nombreuses voies d’entrée et permet des déclinaisons pédagogiques riches et originales, aussi bien en histoire qu’en musique, littérature française, allemand, anglais et arts plastiques.

Histoire

  1. La chanson populaire comme acte de résistance
    Pendant l’Occupation, la vie quotidienne des français et des allemands est rythmée par l’écoute de la radio. Le poste de TSF, imposant, flanqué de son antenne mobile, trône en général dans la salle à manger. On écoute en famille les bulletins d’information, les émissions éducatives, mais aussi des chansons ! Ces dernières sont interprétées par les vedettes de l’époque (on ne disait pas encore stars) accompagnées par des orchestres renommés, ceux de Ralph Carcel, Georges Dervaux, Raymond Legrand (père du compositeur Michel Legrand), Ray Ventura…
    Les chansons réchauffent les cœurs, permettent de s’évader. Elles peuvent aussi témoigner d’une sombre actualité, mais à mots couverts, car la censure exerce son pouvoir. De manière secrète, ces chansons et leurs interprètes « résistent ».
    C’est le cas en France par exemple de Que reste-t-il de nos amours ? de Charles Trenet, l’un des grands succès de l’année 1942. Au-delà de la romance sentimentale, on était touché par certaines paroles :
    Que reste-t-il de tout cela, dites-le-moi ? Un petit village, un vieux clocher
    Un paysage si bien caché
    Et dans un nuage, le cher visage de mon passé, de mon passé
    La même année, en Allemagne, mais aussi en France chez l’occupant, on écoutait l’irrésistible Zarah Leander. Celle-ci, tout en étant l’idole du régime nazi, multipliait les provocations à son encontre, à ses risques et périls. Les paroles de la chanson Davon geht die Welt nicht unter, fredonnées sur toutes les lèvres, pouvaient alors être comprises de plusieurs façons :
    Le monde ne sombrera pas pour cela
    On le voit parfois en gris, un jour on le verra en couleurs
    Bien qu’il soit sens dessus dessous, bien que notre crâne soit en feu, Me monde ne sombrera pas… car nous avons encore besoin de lui.

La chanson Donna, Donna est resté confidentielle pendant la guerre. Elle n’a été chantée par aucune vedette ni diffusée sur les ondes. Ecrites en 1941, ses paroles, à l’origine en langue yiddish, évoquent l’histoire d’un petit veau ligoté que l’on mène à l’abattoir. La métaphore est transparente : Donna, Donna évoque le destin et la disparition programmée des juifs.
Sur la charrette git le petit veau Etendu, ligoté par une corde,
Haut dans le ciel vole la petite hirondelle Joyeusement elle va et vient, sans corde.
Donna, Donna va rester longtemps dans l’ombre après la guerre. Elle ne sera traduite en anglais que dans les années 50. Mais elle va rencontrer soudainement un succès international en 1960 grâce à la chanteuse Joan Baez et sa guitare. Elle sera ensuite reprise dans le monde entier, dans de nombreuses langues.

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  1. Le camp de concentration de Theresienstadt
    Theresienstadt, aménagé dans la ville-forteresse de Tereziń

à quelques kilomètres de Prague,

fait figure de cas particulier dans le système concentrationnaire. Après que les autorités nazies eurent pris conscience que la disparition de certains Juifs renommés, ou Prominenten – artistes, savants, décorés ou mutilés de la Première Guerre mondiale –, ne manquerait pas de susciter des questions quant au sort réservé au peuple juif tout entier, il fut décidé lors de la Conférence de Wannsee que Theresienstadt aurait un double statut : « camp de transit » pour les Juifs du Protectorat de Bohême-Moravie, et « ghetto pour personnes âgées » (Ältersghetto) destiné aux Juifs du Reich de plus de 65 ans. En réalité, Theresienstadt fut l’antichambre d’Auschwitz-Birkenau : plus de la moitié des 155 000 détenus y périront.
Trois caractéristiques rendent ce camp unique. Tout d’abord la constitution de la population : uniquement des Juifs dans l’acception nazie du terme – c’est-à-dire ayant au moins un aië ul ou un parent juif. Le camp est placé sous la responsabilité d’une « Administration autonome juive » aux ordres des commandants SS successifs. La présence d’enfants ensuite, déportés avec leur famille. Dispensés de travail, la plupart d’entre eux furent pris en charge par des éducateurs qui rendirent leur quotidien moins insupportable grâce à des initiatives culturelles et pédagogiques. Enfin, le regroupement d’une grande partie de l’intelligentsia juive pragoise et allemande, dont des musiciens, peintres, dessinateurs, auteurs, comédiens renommés, ce qui a mené plus tard au qualificatif de « camp des artistes ».
Pour des raisons propagandistes, une vie musicale intense y est encouragée par la Kommandantur SS. Les artistes jouissent d’un statut privilégié au regard des détenus « ordinaires » : certains sont dispensés de travail, perçoivent des rations alimentaires moins misérables, sont mieux logés et, dans un premier temps, à l’abri des transports vers Birkenau. Une « Administration des Loisirs » est mise en place, des orchestres et de nombreux ensembles tchèques et allemands se constituent rapidement. Dès 1943, avec l’avancée du conflit et suite aux pressions de la communauté internationale, Theresienstadt devient un « camp de propagande » afin de masquer les déportations vers l’Est. Une visite de la Croix-Rouge internationale est organisée le 23 juin 1944 et minutieusement préparée : façades repeintes, kiosque à musique rénové, détenus bien portant choisis comme figurants… Suite à cette visite un film de propagande est réalisé, sous la contrainte, par Kurt Gerron. La défaite annoncée de l’Allemagne sonne l’évacuation du camp ; la majeure partie de la population, artistes compris, est déportée vers Birkenau en octobre 1944. La plupart périront dans les chambres à gaz dès leur arrivée.
On est stupéfait aujourd’hui devant l’intense activité artistique qui a régné à Theresienstadt pendant seulement trois années. Comme si la captivité et la crainte de l’avenir avait décuplé le désir de créer et de chanter ! Les spectacles étaient donnés du matin au soir dans plus d’une vingtaine de salles (caves greniers, gymnases, etc.), souvent au même moment.

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Musique

  1. Chansons françaises pendant l’Occupation
    Elles eurent beaucoup de succès, en particulier en raison de leurs paroles à double sens qui permettaient d’échapper à la censure du régime de Vichy.
  • Charles Trenet : Swing Troubadour (1941)
    Charles Trenet est surveillé de près pendant l’Occupation. Sa chanson Si tu vas à Paris est interdite par la censure. Il choisit alors d’exprimer de manière cachée ses sentiments patriotiques et l’attente de jours meilleurs. Le titre Swing Troubadour ne proclame-t-il pas, non sans provocation, une alliance entre l’Amérique du jazz et la France éternelle des poètes ?
  • Charles Trenet : Que reste-t-il de nos amours ? (1942)
    Grand succès de l’année 1942, cette chanson évoque à mi-mot la vie heureuse avant l’Occupation.
  1. Chansons allemandes pendant la Deuxième Guerre
  • Marlene Dietrich (ou Susy Solidor) : Lili Marlene
    En 1941, des soldats de la Wehrmacht, éloignés de leur foyer, découvrent sur les ondes la chanson Lili Marlene : le succès est immédiat ! Goebbels tente en vain d’interdire cette chanson jugée trop langoureuse. Elle franchit peu après les frontières : diffusée par haut-parleurs, elle entraîne chaque jour des cessez-le-feu entre les troupes anglaises et allemandes qui combattent en Afrique. En moins de six mois la chanson est adaptée en 48 langues et 160 000 disques sont vendus. La version française sera créée par Susy Solidor en janvier 1942 dans son cabaret « La Vie parisienne ».
  • Zarah Leander : Davon geht die Welt nicht unter (« Le monde ne sombrera pas »)
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  1. Œuvres musicales composées à Theresienstadt
    La présence de compositeurs reconnus, des conditions de vie moins misérables que dans d’autres camps de concentration et la possibilité de se procurer des instruments et du papier à musique expliquent en partie la richesse de la création musicale à Theresienstadt. Y résonnent tous types de musique : savante ou populaire, chants religieux ou folkloriques, musique de cabaret et de jazz.
    Dans le domaine de la chanson, Ilse Weber fut particulièrement prolifique. Infirmière en chef
    du quartier des enfants, cette mélomane écrira une cinquantaine de poèmes ; elle en mettra quelques-uns en musique, chantant et s’accompagnant à la guitare. Composées dans l’urgence, les mélodies sont simples ; les poèmes visent à rassurer les enfants dont elle s’occupe, ils évoquent la nostalgie et l’espoir en des jours meilleurs.
    Il en est de même pour la berceuse Ein jüdisches Kind du compositeur Carlo Sigmund Taube, écrite sur un texte de son épouse. Plus aboutie et plus riche harmoniquement, elle laisse entendre des réminiscences de musique juive. Le Tereziń -Lied s’inscrit quant à lui dans la tradition des hymnes concentrationnaires. Sur l’air de Komm mit nach Varasdin extrait de la célèbre Comtesse Maritza d’Emmerich Kálmán, il évoque avec humour l’horreur du quotidien dans le camp et l’attente d’une libération prochaine.
    La musique de cabaret occupe également une place importante ; cinq troupes tchèques et allemandes ont été recensées. Côté tchèque, signalons La carte d’alimentation perdue, spectacle mis en musique par l’acteur et musicien Karel Švenk en 1942. Son final Všechno jde !, surnommé La marche de Tereziń , se
    conclut par ces mots optimistes : « Nous rirons sur les ruines du ghetto ». Côté allemand, le pianiste de jazz Martin Roman, membre des Ghetto Swingers, composera régulièrement pour la troupe Karussell dirigée par Kurt Gerron. Sa chanson Die Ochsen (Les Bœufs) ironise sur les conflits identitaires entre Juifs sous le regard impassible d’un attelage de bœufs.

La musique savante est également très présente. La Sérénade pour violon et piano du jeune violoniste allemand Robert Dauber, qui rappelle la musique de salon de l’époque, est l’unique œuvre que l’on ait retrouvée de lui. Plus connu aujourd’hui, Viktor Ullmann, qui crée dans le camp le « Studio für neue Musik » dont la programmation exigeante met en valeur la musique moderne et les œuvres de plusieurs compositeurs détenus. Personnalité éclectique, il signe près d’une vingtaine d’opus, dont l’opéra Der Kaiser von Atlantis.
Ilse Weber (1903 – Auschwitz 1944)

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  • Chanson Ich wandere durch Theresienstadt (« Je me promène dans Theresienstadt »)
  • Chanson Und der Regen rinnt (« Et la pluie ruisselle ») Ilse Weber (1903 – 1944)
    Ilse Weber est une écrivaine et compositrice tchèque, née Herlinger.
    Ilse Weber a commencé à écrire dès l’âgede quatorze ans des contes juifs ou des petites pièces de théâtre pour enfants, publiés dans des journaux allemands, tchèques, autrichiens et suisses.
    En 1930 elle a épousé Willi Weber.Le 6 février 1942, elle est déportée de Prague au camp de concentration de Theresienstadt. Elle a travaillé là-bas comme infirmière pour les enfants du camp. Elle a composé pour eux des chants et des mélodies et essayait de leur apprendrela guitare ou la mandoline.
    Ilse Weber et son fils Tommy ont été assassinés le 6 octobre 1944 à Auschwitz

Viktor Ullmann (1898 – Auschwitz 1944)

  • Chanson yiddish Beryioskele (« Le petit bouleau »)
    Carlo Taube (1897 – Auschwitz 1944)
  • Berceuse Ein jüdisches Kind (« Un enfant juif »)
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  1. Chansons récentes
  • Anne Sylvestre : Judith et Roméo (1994)
    « Judith et Roméo raconte en chanson ce que ma sœur, Marie Chaix, a relaté dans plusieurs livres : mon père a été jugé pour collaboration. J’ai passé ma petite enfance à voir ma mère l’attendre. Il était pris par ses réunions. Et à partir de 10 ans, la honte. J’ai assisté à son procès. Il a fait dix ans de prison. Je manquais l’école pourde lui rendre visite à Fresnes. J’ai fait un blocage au point d’être nulle en histoire de France. Mon frère et moi, on n’a pas voulu lui poser de questions. »
  • Anne Sylvestre : Le p’tit grenier (2003)
    Cette chanson évoque deux enfants juifs, David et Sarah, qui se cachent dans les greniers pour échapper aux rafles et à la déportation.
    On vous avait mis à l’école / Et vous aviez compris que vous
    Vous appeliez Georges et Nicole / Sans jamais vous tromper surtout Ainsi se passait votre enfance / Sans nouvelles de vos parents
    Vous ne mesuriez pas la chance / Que vous aviez d’être vivants

Français

  1. Poètes français qui résistent
    Un poème peut-il résister en temps de détresse ?
    L’un des plus beaux exemples est sans doute le poème Liberté de Paul Eluard, paru en 1942, parachuté la même année à des milliers d’exemplaires par les avions britanniques de la Royal Air Force au-dessus du sol français. Les vingt premières strophes, telles une litanie, répètent et varient inlassablement une même formule un peu mystérieuse :
    Sur mes cahiers d’écolier
    Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable de neige
    J’écris ton nom (…)
    Mais lorsque l’on découvre la 21ème strophe, c’est une libération :
    Et par le pouvoir d’un mot Je recommence ma vie
    Je suis né pour te connaître Pour te nommer
    Liberté
    Ce poème fut mis en musique dès 1943 par Francis Poulenc dans sa cantate Figure humaine.

Moins connu que Paul Eluard, Robert Desnos écrira à son tour pour résister.
Sous l’Occupation, il travaille pour le quotidien Aujourd’hui qui subit la censure de l’occupant. L’écrivain expérimente alors l’art de la parole double. Il y écrit des chroniques littéraires cryptées où il enjoint ses lecteurs, de la plus subtile des manières, à le déchiffrer et, mine de rien, à résister.
En 1943, Desnos écrit trente Chantefables pour les enfants sages.
Il faut comprendre aujourd’hui ces petites histoires à la lumière de son engagement dans la Résistance, de son goût pour les jeux de mots et de sa connaissance de l’argot (tamanoir = policier ; lame = homme courageux ; hibou = policier patrouillant la nuit ; sardine = sous-officier ; etc.).
Relisons l’histoire de l’escargot, alias « SS Cargo » :
Combien de gens, et sans coquille / N’aiment pas que le soleil brille. Il est caché ? Il reviendra ! / L’escargot ? On le mangera.
Et celle du lama, alias « l’homme courageux» :
Lama, fils de lama / Et père de lama A pour besogne / D’écouter les échos
Et fuir le loup-garou / Qui vit dans son climat.
Quant à la fameuse Fourmi de dix-huit mètres qui transporte des pingouins et des canards, parle plusieurs langues, elle n’existe pas. L’écrivain ajoute toutefois : Et pourquoi pas ?
Ce poème fait en réalité allusion aux convois de déportés, longues colonnes charriant des êtres disparates, et dont l’existence est à la fois connue et inconnue de l’opinion.
Robert Desnos sera dénoncé, déporté en 1944 dans un wagon plombé de 18 mètres qui « n’existe pas » et mourra quelques mois plus tard du typhus dans le camp de Theresienstadt.

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  1. Jeunes poètes à Theresienstadt

Au début, les enfants logent avec les adultes dans les casernes surpeuplées, mais à partir de l’été 1942, ils sont rassemblés des bâtiments formant des Kinderheime, des foyers d’enfants. Ils sont regroupés selon leur âge, leur sexe et leur langue. Chaque foyer compte deux cents à trois cents enfants répartis en dortoirs de vingt à trente. Un directeur est placé à la tête de chaque foyer, ainsi qu’un responsable pour chaque dortoir. Enfin, un médecin et des infirmières ainsi que des moniteurs complètent l’encadrement.
Les enfants âgés de plus de quinze ans sont envoyés comme apprentis dans des ateliers de jardinage, de plomberie ou d’électricité, pour la journée. Les nazis interdisaient toute forme d’enseignement, mais ils permirent « l’organisation du temps libre », c’est ainsi que les jeux et les loisirs culturels sont autorisés, faisant de Theresienstadt un épisode singulier dans l’histoire du génocide. Ainsi, le temps des enfants de moins de quinze ans se découpait entre les séances de chant, de théâtre, de poésie, de philosophie, de dessin, de rédaction de journaux.
Les journaux sont créés dans chaque dortoir : Bonaco est rédigé par les filles du dortoir n° XI du foyer L414, Kamarad par les garçons du dortoir A du foyer Q609, Rim Rim Rim par le dortoir n° VII du foyer L417
et Vedem est l’organe du dortoir n° I du même foyer. On y trouve des récits d’aventures, histoires de pirates ou d’explorateurs, prenant la forme du feuilleton, mais également, des reportages sur la vie dans le camp, sur la Ghettowache (les gardes du camp qui étaient eux-mêmes des internés), le crématorium, les campagnes d’embellissement, les spectacles, les concerts. Y figurent aussi des poèmes.
Hanuš Hachenburg est né en 1929, interné dans le ghetto de Theresienstadt (Terezín) en 1942, où il participe à la création et à la rédaction du journal clandestin Vedem avec d’autres camarades du bâtiment. L 417. Hanuš arrive au ghetto le 24 octobre 1942 et part pour Auschwitz-Birkenau le 18 décembre 1943.
Pendant son séjour à Theresienstadt, Hanuš vécut dans la chambrée 1 du ghetto, transformée en
« république autogérée » par une quarantaine de garçons : la « République de ŠKID ». Leur devise : « chaque homme est notre frère ! ». Hanuš fut assassiné à Birkenau la veille de ses 15 ans, le 11 juillet 1944.
« Vous ne serez pas étonné du fait que lorsque je dus me confier à quelqu’un, je me confiai à du papier. Le papier est silencieux et est prêt à tout accepter. Je fus en mesure de déverser sur lui toute ma rage, de crier un bon coup et aussi de me réjouir. Et je sais d’expérience que quand l’on a un ami sincère avec qui partager tous ses griefs, on n’écrit pas de poésie. Dans mon cas, les poèmes sont ce que les amis
représentent pour d’autres personnes. Ils sont ce que je ne peux dire à quiconque. »
Ma terre
Je porte ma terre dans mon cœur elle est pour moi, pour moi seul !
Je l’embrasse et la cajole
et passe beaucoup de temps avec elle. Cette terre n’est pas dans ce monde et pourtant elle est partout en nous.
Cette terre est au paradis, dans les étoiles où il y a une nation oiseau,
Aujourd’hui je la vois, je la vois dans mon âme et je pourrais pleurer de solitude.
Aujourd’hui elle est petite.
Un grain de rêve forme son isolement,
elle se montre à travers cet endroit lors des jours mélancoliques empilés par les fureurs de la guerre.
Hanuš Hachenburg

Allemand
On pourra écouter, étudier, traduire des chansons allemandes qui eurent du succès pendant la Deuxième Guerre, au point de traverser les frontières :

  • Hans Leip, Norbert Schultze : Lili Marlene / Lily Marlène
    (chantée en allemand par Marlene Dietrich en 1941 et en français par Susy Solidor en 1942)
  • Michael Jarry, Bruno Balz Davon geht die Welt nicht unter (Berlin, 1942) (chantée par Zarah Leander)

Egalement des chansons écrites à Theresienstadt :

  • Ilse Weber : Ich wandre durch Theresienstadt
  • Ilse Weber : Und der Regen rinnt
  • Carlo Sigmund Taube : Ein jüdisches Kind

Anglais
On pourra écouter, étudier, traduire des chansons de langue anglaise :

  • George Gershwin I Got Rhythm (1930)
    Cette chanson fut donnée par le groupe « Ghetto Swingers » dans le camp de Theresienstadt. Ses musiciens enfreignaient une double interdiction : interpréter un compositeur juif et jouer du jazz, musique « dégénérée » pour le régime nazi.
  • Secunda, Zeitling Donna Donna (1941, 1960)
    Donna, Donna est une chanson composée par Sholom Secunda et Aaron Zeitling en 1941. Ses paroles, en yiddish, racontent l’histoire d’un jeune veau ligoté (qui incarne le peuple juif) que l’on mène à l’abattoir, tandis qu’une hirondelle vole librement dans le ciel. Cette chanson ne fut pas diffusée sur les ondes et demeura inconnue pendant la Seconde Guerre. Il faudra attendre 1960 pour que la version anglaise, chantée par Joan Baez, devienne un succès mondial.

Arts plastiques
Un grand nombre d’artistes professionnels, peintres ou dessinateurs, hommes et femmes, furent internés à Theresienstadt : Ferdinand Bloch, Charlotta Buresova, Friedl Dicker-Brandeis, Leo Haas, Petr Kien, Karel Fleischmann, Bedrich Fritta, Malva Schalek, Noricek Troller, Otto Ungar, Helga Weissova, etc.
Nous avons sélectionné ici quelques dessins de Bedrich Fritta (1906 – Auschwitz, 1944). Il était le responsable du « Bureau des dessins » qui devait répondre à un certain nombre de commandes : plans, schémas techniques, panneaux, affiches, programmes, décorations des bâtiments de la Kommandantur, etc. Mais en dehors de cette production officielle, Fritta dessinait dans son propre style, souvent très sombre et influencé par l’expressionnisme. Ses dessins offrent une vision psychologique de la vie quotidienne dans le camp. A leur manière ils témoignent, dénoncent… et résistent.
Fritta les réalise clandestinement et les cache avec soin. Certains d’entre eux sont parfois vendus à des gardes ou échangés sous le manteau contre de la nourriture. C’est leur découverte qui provoqua l’arrestation de Fritta et sa déportation à Auschwitz.

A Theresienstadt, les enfants entre 10 et 16 ans avaient eux-mêmes des cours de dessin, en particulier avec l’artiste Friedl Dicker-Brandeis, ancienne élève du Bauhaus, elle-même internée.
Elle apprend aux enfants à regarder le monde, à apprécier l’espace, à laisser aller leur imagination sur le papier. Aux colis de fournitures que son beau-frère, Otto Brandeis, lui envoie, la jeune professeure ajoute tout ce qu’elle récupère et qui peut servir : anciens formulaires administratifs du camp, dessins techniques abandonnés dans un ancien établissement scolaire, piles de papier brouillon. Malgré tout, il n’y a pas assez de matériel pour tous les enfants.
Certains dessins sont le fruit d’exercices ou de cours, mais d’autres sont simplement le produit du libre choix. Ils représentent souvent la vie quotidienne dans le camp, mais aussi la vie à l’extérieur, le monde merveilleux des contes et les paysages exotiques.
Nous montrons ci-dessous quelques aquarelles et dessins de la jeune Helga Weissova (née en 1929), internée à l’âge de 12 ans à Theresienstadt.

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Chansons qui résistent
Paroles des chansons

Nous rassemblons ici des chansons qui appartiennent à différentes catégories :

  • chansons françaises ou allemandes de la Deuxième Guerre qui résistent « à mots couverts »
  • chansons écrites par des hommes ou femmes interné(e)s à Theresienstadt
  • chansons interdites par les nazis, mais qui furent chantées à Theresienstadt
  • chansons françaises ou anglaises d’après-guerre évoquant la Shoah
  1. Chansons françaises ou allemandes qui résistent à mots couverts
    Charles Trenet : Swing Troubadour (1941)
    Charles Trenet : Que reste-t-il de nos amours ? (1942)
    Hans Leip, Norbert Schultze : Lili Marlene / Lily Marlène
    (chantée en allemand par Marlene Dietrich en 1941 et en français par Susy Solidor en 1942)
    Bruno Balz, Michael Jarry : Davon geht die Welt nicht unter (1942)
    (chantée par Zarah Leander)
  2. Chansons écrites à Theresienstadt entre 1942 et 1944
    Ilse Weber : Ich wandre durch Theresienstadt
    Ilse Weber : Und der Regen rinnt
    Carlo Sigmund Taube : Ein jüdisches Kind
    Viktor Ullmann : Beryoskele
  3. Chansons interdites par les nazis, mais chantées à Theresienstadt
    George Gershwin : I Got Rhythm (1930) Sholom Secunda : Dona, Dona (1941)

Theresienstadt – Affiche des Ghetto Swingers
Au centre, traversant joyeusement les barbelés, quelques notes de musique défient secrètement les SS qui dirigent le camp. On reconnaît en effet le début de la célèbre chanson de George Gershwin
I Got Rhythm.
Or Gershwin était juif, donc sa musique n’avait pas le droit d’être jouée. De plus le jazz était lui-même interdit, déclaré « musique dégénérée » par le régime nazi.

  1. Chansons d’après-guerre évoquant la Shoah
    Joan Baez : Donna, Donna (1960)
    Anne Sylvestre : Roméo et Judith (1994) Anne Sylvestre : Le p’tit grenier (2003)

Charles Trenet
Swing Troubadour (1941)

Tu viens chanter malgré l’orage À ce balcon qui reste sourd Mais ton amie est en voyage Pauvre swing Troubadour
Elle est partie, chang’ment d’adresse Et j’ai repris l’appartement
Et c’est à moi que tu t’adresses Tu n’as pas d’chance vraiment.

Swing Troubadour
Ton destin, swing Troubadour C’est d’chanter le bonheur
Même si ton p’tit cœur est bien lourd.

Swing Troubadour
Rien pour toi n’peut effacer
Les beaux jours du passé même si dans ta voix y’ d’la joie Quand tu souris
Tout comm’ toi je pleure en secret Un rêv’ chéri
Un amour timide et discret Moi j’n’ai plus rien
Mais comm’ toi j’chant’ pour mon bien La plus belle des chansons d’amour Swing Troubadour.

Tout est fini, plus de prom’nades Plus de printemps swing Troubadour Elle est finie ta sérénade
Tu vas quitter l’faubourg
Comm’ j’ai quitté, jadis, moi-même Le vieux quartier triste et charmant De mes amours un peu bohèmes Qui changeaient trop d’log’ment.

Swing Troubadour
Ton destin, swing Troubadour C’est d’chanter le bonheur
Même si ton p’tit cœur est bien lourd.

Swing Troubadour
T’en fais pas, les beaux jours passés
Reviendront simplement un beau soir et sans même y penser Pleur’ pas mon vieux
Tu vivras et tu verras mieux Tous les p’tits cœurs
Qui s’donn’nt sur la rout’ du bonheur Moi j’n’ai plus rien
Mais tant pis, chantons pleins d’entrain La plus belle des chansons d’amour Swing Troubadour.
Swing ! Swing ! Swing ! Swing ! Oh ! Swing Troubadour.

Charles Trenet
Que reste-t-il de nos amours ? (1942)

Que reste-t-il de nos amours Que reste-t-il de ces beaux jours Une photo, vieille photo
De ma jeunesse
Que reste-t-il des billets doux Des mois d’avril, des rendez-vous Un souvenir qui me poursuit Sans cesse

Bonheur fané, cheveux au vent Baisers volés, rêves mouvants Que reste-t-il de tout cela
Dites-le-moi
Un petit village, un vieux clocher Un paysage si bien caché
Et dans un nuage le cher visage De mon passé

Ce soir le vent qui frappe à ma porte Me parle d’amours mortes
Devant le feu qui s’éteint
Ce soir c’est une chanson d’automne Dans la maison qui frissonne
Et je pense aux jours lointains

Que reste-t-il de nos amours Que reste-t-il de ces beaux jours Une photo, vieille photo
De ma jeunesse
Que reste-t-il des billets doux Des mois d’avril, des rendez-vous Un souvenir qui me poursuit Sans cesse

Bonheur fané, cheveux au vent Baisers volés, rêves mouvants Que reste-t-il de tout cela
Dites-le moi
Un petit village, un vieux clocher Un paysage si bien caché
Et dans un nuage le cher visage De mon passé

Hans Leip, Norbert Schultze
Lili Marlene / Lily Marlène

Version allemande
chantée par Marlene Dietrich (1941)

Bei der Kaserne
Vor dem grossen Tor Steht ‘ne Laterne
Und steht sie noch davor
Da wollen wir uns wiedersehen Bei der Laterne wollen wir stehen Wie einst Lili Marlen
Wie einst Lili Marlen

Unsere beiden Schatten Sah’n wie einer aus Dass wir lieb uns hatten
Dass sah man gleich daraus Und alle Leute sollen es sehen Wenn wir bei der Laterne steh’n Wie einst Lili Marlen
Wie einst Lili Marlen

Deine Schritte kennt sie Deinen schoenen Gang Alle Abend brennt sie
Doch mich vergass sie lang
Und sollte mir ein leids geschehen Wer wird bei der Laterne stehen Mit dir Lili Marlen?
Mit dir Lili Marlen?

Aus dem tiefen Raume Aus der Erde Grund Hebt sich wie im Traume Dein verliebter Mund
Wenn sich die spaeten Nebel dreh’n Wer wird bei der Laterne stehen
Mit dir Lili Marlen Mit dir Lili Marlen

Wenn sich die spaeten Nebel dreh’n Wer wird bei der Laterne stehen
Mit dir Lili Marlen Mit dir Lili Marlen. Version française
chantée par Susy Solidor (1942)

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Devant la caserne Quand le jour s’enfuit, La vieille lanterne Soudain s’allume et luit.
C’est dans ce coin-là que le soir On s’attendait, remplis d’espoir Tous deux, Lily Marlène
Tous deux, Lily Marlène

Et dans la nuit sombre Nos corps enlacés
Ne faisaient qu’une ombre Lorsque je t’embrassais. Nous échangions ingénument
Joue contre joue bien des serments Tous deux, Lily Marlène
Tous deux, Lily Marlène

Le temps passe vite Lorsque l’on est deux ! Hélas on se quitte Voici le couvre-feu…
Te souviens-tu de nos regrets Lorsqu’il fallait nous séparer ? Dis-moi, Lily Marlène ?
Dis-moi, Lily Marlène ?

La vieille lanterne S’allume toujours Devant la caserne Lorsque finit le jour
Mais tout me paraît étranger Aurais-je donc beaucoup changé ? Dis-moi, Lily Marlène ?
Dis-moi, Lily Marlène ?

Cette tendre histoire De nos chers vingt ans Chante en ma mémoire
Malgré les jours, les ans.
Il me semble entendre ton pas Et je te serre entre mes bras Lily… Lily Marlène.

Bruno Balz, Michael Jarry
Davon geht die Welt nicht unter (1942)
(chantée par Zarah Leander)

Wenn mal mein Herz unglücklich liebt Ist es vor Kummer unsagbar betrübt Dann denk ich immer
Alles ist aus Ich bin so allein
Wo ist ein Mensch der mich versteht
So hab ich manchmal voll Sehnsucht gefleht

Tja, aber dann gewhönt ich mich dran Und ich sah es ein

Davon geht die Welt nicht unter Sieht man sie manchmal auch grau Einmal wird sie wieder bunter Einmal wird sie wieder himmelblau Geht mal drüber und mal drunter Wenn uns der Schädel auch graut Davon geht die Welt nicht unter Sie wird ja noch gebraucht

Davon geht die Welt nicht unter Sieht man sie manchmal auch grau Einmal wird sie wieder bunter Einmal wird sie wieder himmelblau Geht mal drüber und mal drunter Wenn uns der Schädel auch graut Davon geht die Welt nicht unter Sie wird ja noch gebraucht
Davon geht die Welt nicht unter Sie wird ja noch gebraucht

Ilse Weber (1903 – Auschwitz 1944)
Ich wandre durch Theresienstadt

Ich wandre durch Theresienstadt, Das Herz so schwer wie Blei.
Bis jä h mein Weg ein Ende hat, Dort knapp an der Bastei.
Dort bleib ich auf der Brü cke stehn Und schau ins Tal hinaus:
Ich mö cht so gerne weiter gehn, Ich mö cht so gern nach Haus!
Nach Haus! – du wunderbares Wort, Du machst das Herz mir schwer.
Man nahm mir mein Zuhause fort, Nun hab ich keines mehr.
Ich wende mich betrü bt und matt, So schwer wird mir dabei: Theresienstadt, Theresienstadt, Wann wohl das Leid ein Ende hat, Wann sind wir wieder frei?

Je parcours Theresienstadt
le cœur lourd comme du plomb jusqu’au bout de mon chemin, là -bas, presque au bastion.
Là , je m’arrê te sur le pont
et regarde dans la vallée : j’aimerais tant continuer et rentrer à la maison !
Maison, ô mot merveilleux !
mon cœur est lourd à ta pensée. Mon toit, on me l’a dérobé,
je n’en ai plus à présent.
Las et affligé je rebrousse chemin d’un pas lourd et pesant : Theresienstadt, Theresienstadt,
quand cesseront donc nos souffrances ? quand serons-nous à nouveau libres ?

Ilse Weber (1903 – Auschwitz 1944)
Und der Regen rinnt

Und der Regen rinnt, und der Regen rinnt… Ich denk im Dunkeln an dich, mein Kind.
Hoch sind die Berge und tief ist das Meer, Mein Herz ist mü d und sehnsuchtsschwer. Und der Regen rinnt, und der Regen rinnt… Warum bist du so fern, mein Kind?
Und der Regen rinnt, und der Regen rinnt… Gott selbst hat uns getrennt, mein Kind.
Du sollst nicht Leid und Elend sehn, Sollst nicht auf steinigen Gassen gehn.
Und der Regen rinnt, und der Regen rinnt… Hast du mich nicht vergessen, Kind?

Et la pluie ruisselle, ruisselle sans cesse… je pense à toi dans le noir, mon enfant.
Les montagnes sont hautes, basse la mer,
mon cœur est las et si lourd de désir.
Et la pluie ruisselle, ruisselle sans cesse… Pourquoi es-tu donc si loin, mon enfant ? Et la pluie ruisselle, ruisselle sans cesse…
C’est Dieu lui-mê me qui nous a séparé s pour t’épargner misères et souffrances et marches dans les ruelles pavées.
Et la pluie ruisselle, ruisselle sans cesse… Tu ne m’as pas oubliée, mon enfant ?

Carlo Sigmund Taube (1897 – Auschwitz 1944)
Ein Jüdisches Kind
(paroles d’Erika Taube)

Ein jüdisches Kind
Du bist ein Kind wie all die vielen, Die auf der ganzen Erde sind, Wie all die anderen Gespielen Und doch bist du so anders, Kind.
Du bist ein Kind, dem Heimat fehlt, In allen Stä dten bist du fremd.
So lang dich nicht das Wort beseelt: Heimat, dein Herz ist ungehemmt.

Un enfant juif
Tu es un enfant comme tous ceux, nombreux, qui peuplent la terre entière, comme tous les camarades de jeux – et pourtant tu es autre, enfant.
Tu es un enfant sans pays,
étranger dans toutes les villes.
Tant que « pays » sera pour toi vide de sens, ton cœur sera sans entraves.

Viktor Ullmann (1898 – Auschwitz 1944)
Trois chansons Yiddish

Berjoskele
Ruik, ruik, shokelt ir geloktes grines kep!
mayn vaysinke Beryozkele un davent on a shir; yedes, yedes, bletele irs sheptshet shtil a tfile. Zay shyn, kleyn Beryozkele, mispael oykh far mir.
Fun vaytn mayrev hot zikh troyerik farganvet in di dine tsvaygelekh a rozer tsarter shtral; un a shtiln kush getun di bletelekh, di kleyne,
velkhe hobn dremlendik gehorkht dem nakhtigal.
Fun di vayte felder iz a vintele gekumen un dertseylt di bletlekh legendes on a shir,
epes hot in hartsn tif bay mir genumen benkn.
Zay shoyn, klein Beryozkele, mispalel oykh far mir.

Le petit bouleau
Doucement, balance doucement ta tendre cime verte, mon petit bouleau blanc à la prière incessante ; chacune de tes feuilles fait un vœu,
accepte donc aussi le mien, cher petit bouleau.
Du lointain couchant, une douce lueur rouge trouve son chemin dans ton léger branchage et éclaire gentiment le feuillage,
qui écoute, en rê vant, le chant du rossignol.
Le vent souffle à travers les prés,
et raconte à ta ramure de nombreuses histoires, le désir monte du plus profond du cœur.
Cher petit bouleau, prie donc aussi pour moi.

George Gershwin
I Got Rhythm (1930)

I got rhythm, I got music, I got my man Who could ask for anything more?
I got daises in green pastures, I got my man Who could ask for anything more?
Old man trouble, I don’t mind him You won’t find him ’round my door I got starlight, I got sweet dreams I got my man
Who could ask for anything more? Who could ask for anything more?
Days can be sunny, with never a sigh Don’t need what money can buy
Birds in the trees sing their day full of song Why shouldn’t we sing along?
I’m chipper all the day, happy with my lot How do I get that way
Look at what I’ve got
I got rhythm and I got music, I got my man Who could ask for anything more?
I’ve got daises in my very green pastures I got my man
Who could ask for anything more?
Old man trouble, I don’t mind him You’ll never find him ’round my door
I got starlight and do I have sweet dreams I got my man
Who could ask for anything more? In fact, who wants anything more?
I got rhythm, I got music, I got my man Who could ask for anything more?
I got daises and in green pastures, I got my man Who could ask for anything more?
Old man trouble, I don’t mind him You won’t find him ’round my door I got starlight, I got sweet dreams I got my man
Who could ask for anything more? Who could ask for anything more?

Sholom Secunda, Aaron Zeiyling
Dona, Dona (1941)
(version originale en yiddish)

Ojfn Forel ligt a Kelbl
ligt gebundn mit a schtrik

  • hojch in Himl fligt a Fojgl, fligt un drejt sich hin un ts’rik.

Lacht der Wind in Korn, lacht un lacht un lacht

  • lacht er op a Tog a gantsn un a halbe Nacht.

Donaj, donaj, donaj, donaj, donaj, donaj, donaj, daj.
Donaj, donaj, donaj, donaj, donaj, donaj, donaj, daj.

Schrejt dos Kelbl, sogt der Pojer: « Wer – sshe hejst dich sajn a Kalb? Wolst gekent, doch sajn a Fojgl, wolst gekent doch sajn a Schwalb! »

Bidne Kelblech tut men bindn,
un men schlept sej un men schecht. Wer’s hot Fligl, flit arojf tsu,
Is bei kejnem nischt kejn Knecht.

Anne Sylvestre
Roméo et Judith (1994)
Je vois que ton regard m’évite Tu ne me réponds pas, Judith Quel est cet orage soudain Alors que nous étions si bien ? Je sens s’élever la barrière Qui, si souvent, me désespère Nous avons tant pleuré déjà
Quand nous ne le méritions pas Oh, n’attise pas ce chagrin !
Qu’ai-je fait pour que sous ma main La tienne fuie et me résiste ?
À quoi nous sert d’être aussi tristes ? Je voudrais penser à demain

Oh
Tu ne comprends pas, Roméo J’ai la tristesse sous la peau
Le sang de mon peuple s’indigne Et je ne peux pas oublier
Que tu descends en droite ligne De ceux qui l’ont persécuté Mon amour me semble parjure Et je sens bien que la blessure Ne guérira pas de sitôt
Pardon si je te semble dure Je ne pourrai pas, Roméo

Cette peine que tu abrites Je la partage tant, Judith J’ai souffert du mauvais côté
Dans mon enfance dévastée Mais dois-je me sentir coupable Et ce qui fut impardonnable
Et que je ne pardonne pas Pourquoi le rejeter sur moi ?
Je veux bien prendre les remords Et si nous échangions nos morts Sur moi la honte s’accumule
Le sang que je porte me brûle Je ne peux me l’ôter du corps
(…) Oh
Je veux essayer, Roméo De ne pas laisser le fardeau De cette peine qui remonte M’empêcher de te secourir T’aider à porter cette honte Et tâcher de ne plus souffrir
Et si l’amour entre deux êtres N’arrive pas à faire naître L’espérance d’un renouveau
Nous n’avons plus qu’à disparaitre Et je veux vivre, Roméo !

Anne Sylvestre
Le p’tit grenier (2003)
Vous y grimpiez par une échelle Qu’on installait dans l’escalier Finis tous vos jeux de marelle Et vos parties de chat perché
Quand vous y montiez par surprise C’était en étouffant vos pas
Il fallait alors porter Lise
Et Sarah qui ne marchait pas
Moi, j’ai le cœur tout barbouillé Quand vous parlez du p’tit grenier
Quand on avait fermé la trappe Il fallait, on vous l’avait dit,
Que pas un cri ne vous échappe Silencieux comme des souris
Le plafond était tout en pente Et David se tenait penché
On y voyait par quelques fentes Le ciel et un bout de clocher
Moi, j’ai le cœur tout barbouillé Quand vous parlez du p’tit grenier
Vous taire n’était pas facile
Mais vous l’aviez bien vite appris Inventant des jeux immobiles Pour occuper les plus petits Parfois ce n’était qu’une alerte Et vous pouviez dégringoler Bondir par la fenêtre ouverte Comme des cabris déchaînés
Moi, j’ai le cœur tout barbouillé Quand vous parlez du p’tit grenier
On vous avait mis à l’école
Et vous aviez compris que vous Vous appeliez Georges et Nicole Sans jamais vous tromper surtout Ainsi se passait votre enfance Sans nouvelles de vos parents Vous ne mesuriez pas la chance Que vous aviez d’être vivants
Moi, j’ai le cœur tout barbouillé Quand vous parlez du p’tit grenier
Enfants, vous que partout les guerres Viennent broyer comme en passant, Vous qui semblez être sur Terre Pour payer la haine des grands, Qu’un jour on voie pourrir les armes Et les soldats inoccupés
Que sur le ruisseau de vos larmes Voguent des bateaux de papier
Que plus jamais vous ne deviez Vous cacher dans des p’tits greniers

Aaron Zeitlin, Sholom Secunda
Donna, Donna
version anglaise chantée par Joan Baez en 1960

On a wagon bound for market there’s a calf with a mournful eye. High above him there’s a swallow, winging swiftly through the sky.
How the winds are laughing, they laugh with all their might.
Laugh and laugh the whole day through, and half the summer’s night.
Donna, Donna, Donna, Donna ; Donna, Donna, Donna, Don. Donna, Donna, Donna, Donna ; Donna, Donna, Donna, Don.
« Stop complaining! » said the farmer, « Who told you a calf to be?
Why don’t you have wings to fly with, like the swallow so proud and free? »
How the winds are laughing, they laugh with all their might.
Laugh and laugh the whole day through, and half the summer’s night.
Donna, Donna, Donna, Donna ; Donna, Donna, Donna, Don. Donna, Donna, Donna, Donna ; Donna, Donna, Donna, Don.
Calves are easily bound and slaughtered, never knowing the reason why.
But whoever treasures freedom, like the swallow has learned to fly.
How the winds are laughing, they laugh with all their might.
Laugh and laugh the whole day through, and half the summer’s night.
Donna, Donna, Donna, Donna ; Donna, Donna, Donna, Don. Donna, Donna, Donna, Donna ; Donna, Donna, Donna, Don.

https://www.facebook.com/AdeleLorenziFavartSoprano/

Programme Concert 20/03

Dimanche 20 mars 2022

17h, Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, salle du 19ème

Vienne, ville d’une fin de siècle tourmentée

Arnold Schönberg

Pierrot Lunaire, opus 21 

21 mélodrames sur des poèmes d’Albert Giraud, adaptés par Otto Erich Hartleben

Mondestrunken

Colombine

Der Dandy

Eine Blasse Wäscherin

Valse de Chopin

Madonna

Der Kranke Mond

Nacht

Gebet an Pierrot

Raub

Rote Messe

Galgenlied

Enthauptung

Die Kreuze

Heimweh

Gemeinheit

Parodie

Der Mondfleck

Serenade

Heimfahrt

O alter Duft

Ensemble Cristofori

Juan Cristóbal Fernández Buddemberg, pantomime

Lucia Leonardi, pantomime

Adèle Lorenzi, déclamation

Gilles de Talhouët, flûte et Piccolo,

Luz Sedeño, clarinette et clarinette basse

Gisella Curtolo, violon et alto

Lucie Arnal, violoncelle

Arthur Schoonderwoerd, piano et direction

Ce concert exceptionnel s’inscrit dans la programmation du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon. Il est gratuit dans le cadre du week-end Télérama mais sur réservation !

Programme Concert 27/02

Vienne, le violon, la valse et la peine de cœur

Johannes Brahms (1833-1897)

Sonate pour violon et piano no 1 en sol majeur opus 78

Vivace ma non troppoAdagioAllegro molto moderato

Fritz Kreisler (1875-1962)

Vieux Airs de danse viennois

Liebesfreud – Liebesleid – Schön Rosmarin

Johannes Brahms

Sonate pour violon et piano no 3 en Ré mineur opus 108

AllegroAdagio Un poco presto e con sentimentoPresto agitato

Gisella Curtolo, violon

Arthur Schoonderwoerd, piano

Programme Concert 30/01

Vienne, ville de nature, de musique et de nostalgie

Isabelle Druet, mezzo-soprano

Arthur Schoonderwoerd, piano (Erard 1907)

Franz Schubert

Auf dem Flusse (Müller)

Gretchen am Spinnrad (Goethe)

Der Tod und das Mädchen (Claudius)

Ständchen (Heine)

Johannes Brahms

3 intermezzi opus 117

Andante Moderato  

Andante non troppo e con molta espressione

Andante con moto

Gustav Mahler

Trois extraits du cycle Des Knaben Wunderhorn:

Urlicht

Rheinlegendchen

Wer hat dies Liedlein erdacht 

Richard Strauss

Intermezzo op. 9n°3

Träumerei op. 9n°4

Alexander von Zemlinsky

Maeterlinck Lieder Op 13

Die drei Schwestern

Die Mädchen mit den verbundenen Augen

Lied der Jungfrau

Als ihr Geliebter schied

Und kehrt er einst heim

Sie kam zum Schloß gegangen

Arnold Schönberg (5)

6 Klavierstücke opus 19

Alma Mahler

Die stille Stadt 

Bei dir ist es traut